Histoire : La république du Cygne fut fondée par Karl Cygnus il y a environ 900 ans au terme d'une aventure rocambolesque dont on tira un opéra et plusieurs holofilms.
Karl Cygnus était un des Primans les plus en vue de son époque, issu d'un monde frontalier et d'un milieu plus que modeste il était parvenu à devenir membre du cercle intérieur de la hanse des marchands, se classait comme la 88ième fortune impériale et avait d'ailleurs épousé en seconde noce la nièce du précédent Empereur.
A l'âge de 160 ans Karl Cygnus était le propriétaire de la Compagnie du Cygne, la Cécé, immense conglomérat qui dominait le transport de marchandises et de personnes dans un cercle de 1500 années lumière autour de Prima, mais possédait aussi ses propres chantiers spatiaux, docks et usines de raffinage et bureaux de conception.
En 10601 Karl Cygnus disparu. Du jour au lendemain, alors qu'il se livrait à une inspection d'un nouveau chantier de construction spatial il s'évanouit dans la nature avec l'ensemble de son service de sécurité, sa famille et ses proches.
Le même jour de nombreux cadres de la Cécé ne se présentèrent pas à leur poste.
L'on s'inquiéta, on enquêta sur ce qui allait se révéler le plus grand scandale économique et politique du siècle.
Les armées d'enquêteurs de la sécurité impériale, puis du service du trésor mirent plusieurs mois à dessiner une ébauche de ce qui s'était passé.
Karl Cygnus était un homme d'affaire avisé mais au cours des années il était devenu de plus en plus fantasque.
Membre actif de la faction expansionniste impériale, militant pour une reprise de l'assimilation des territoires frontaliers; il avait vu au cours des années son parti perdre de l'influence et finalement l'oreille de l'empereur.
Dans ses jeunes années il avait espéré que son mariage avec un membre de la famille impériale lui permettrait d'obtenir son anoblissement et un siège au conseil. Sa trop grande réussite commerciale et ses origines plus que modestes lui fermèrent aussi cette possibilité.
C'est donc un homme quelque peu aigrit qui avait fondé un projet à la hauteur de sa démesure.
Si l'Empire ne voulait pas de lui il allait fonder son propre royaume et se couronnerait roi.
Karl Cygnus avait obtenu depuis plusieurs décennies des licences Astro-Explo lui permettant par délégation impériale de se livrer à l'exploration de secteurs inexplorés aux frontières et parfois loin derrière celles-ci. Utilisant ces moyens mis à sa disposition il avait discrètement financé un certain nombre d'expéditions privées.
Une de ces expéditions lui permit de trouver un ensemble de planètes situé loin derrière la frontière de l'époque. Ces mondes avaient été colonisés par une civilisation pré-translumérique qui les avait depuis plusieurs milliers d'années abandonnés pour des raisons religieuses (voir histoire des Toliens).
Ces mondes étaient fertiles, riches en minerais et dans les normes d'habitation humaines.
Le décor de la pièce était trouvé, l'intrigue écrite dans ses grandes lignes, restait à trouver les acteurs.
A l'époque à travers de tout l'Empire on assistait à une radicalisation des clivages entre la noblesse, l'élites de la guilde des marchands et le reste de la population : les inégalités se creusaient et le mécontentement grondait.
Karl Cygnus commença par approcher ses plus brillants ingénieurs dont la carrière, de par l'encombrement de leur hiérarchie, stagnait.
Sa proposition était simple : ils apportaient leurs capacités intellectuelles et leur expertise; en échange ils se voyaient apporter des parts du futur royaume et un titre nobiliaire dépendant de ce nombre. Il lui fallut plus de 10 ans à approcher les 7297 personnes concernées avec beaucoup de précaution.
Les enquêtes menées à postériori montrèrent qu'au moins 24 personnes avaient été éliminées physiquement lors de cette phase de recrutement : ils avaient été jugé au final trop peu fiables ou sur le point de le trahir.
Dans le même temps il obtint un marché portant sur le terra formation de trois planètes situées dans la frange industrielle. Cette couverture lui permit d'embaucher à tour de bras des ouvriers, des agriculteurs et des techniciens : il recruta parmi les désespérés et les sans noms en leur promettant la chance de recommencer ailleurs sur des mondes neufs : il n'eut aucune difficulté à trouver à terme plus de 800 000 personnes, exclusivement des humains.
Cette même couverture lui permit de lancer un vaste programme de collecte d'échantillons vivants au sein de tout l'empire pour ensemencer ces nouveaux mondes.
On estime qu'il détourna pendant cette période pas moins de 10 % des ressources de sa société pour financer des navires usines, des navires de transport et autres infrastructures lourdes.
Le 10601 l'opération « Exodus » commença.
Simultanément les navires cinglèrent vers leur destination finale, l'essentielle de leur cargaison humaine plongée dans un sommeil cryogénique. Les varlets évitèrent avec soin les zones les plus peuplées et se ravitaillant en espace profond dans des caches préparées à l'avance.
Cette traversée ne se fit pas sans casse : 2 % des navires furent perdus. Mais le reste de la flotte arriva selon le plan de vol planifié et la colonisation put commencer.
Pour l'Empire ils avaient disparu corps et bien et tous les efforts accomplis pour les retrouver se soldèrent par un échec. La Cécé finit par faire faillite et fut démantelée au profit de ses principaux concurrents.
En ces temps de contestation l'histoire de Karl Cygnus et de son royaume idéal fut reprise par la culture populaire : on écrivit même un opéra sur lui, le présentant comme un robin des bois moderne donnant espoir aux plus démunis.
La mort de L'Empereur vit un changement de politique qui se fit un peu plus égalitaire. L'histoire de Karl Cygnus et de son royaume imaginaire tomba doucement dans l'oubli.
Karl Cygnus ne survécu que 35 ans à la réalisation de son rêve, mais quand il mourut de manière naturelle il régnait sur une population qui avait plus que triplée grâce à une politique nataliste volontaire et sur un Royaume prospère. Un grand effort avait été fait pour conserver le niveau technologique et pour continuer à investir dans la recherche malgré les difficultés inhérentes à la colonisation.
Ses successeurs continuèrent dans cette voie avec plus ou moins de succès, apportant aux civilisations Exo locales des avancées technologique comme l'antigrav et plus tard la propulsion varlet. Bien que d'un niveau inférieur en terme de technologie ces autres civilisations leurs apportèrent parfois des visions et des solutions techniques originales.
C'est sur l'initiative du Royaume du Cygne que fut bâtie la station spatiale de Jonction afin de permettre le commerce entre les trois civilisations majeures du secteur : les kiffs, les toliens et les cygnans. Pendant plus de quatre siècles le Royaume du Cygne fut dans ce secteur galactique un intervenant de première importance, maintenant son haut niveau de technologie et favorisant le commerce.
Ce fut à peu prés à la fin de cette époque que parvinrent dans la région les premiers colons impériaux. Plus que des colons c'était surtout des pirates, des trafiquants et des gens fuyants d'une manière ou d'une autre la société impériale trop policée à leur goût. Dans leur sillage arrivèrent les représentants officiels de l'Empire.
Bien vite les plénipotentiaires impériaux firent le lien entre le roi Karlus Magnus III et son ancêtre direct. On décida très vite de se livrer à une politique pragmatique : c'était pour eux une chance inespérée de trouver ce petit coin d'empire solidement implanté si loin de Prima. Restait à convaincre les Cygniens de rejoindre l'Empire afin de pouvoir se servir de ce royaume comme base avancée dans le secteur.
Le hic était que le Royaume du Cygne n'entendait pas du tout revenir dans le giron impérial : leurs ancêtres s'étaient enfuit de l'Empire. Les générations successives avaient appris à s'en méfier comme du croquemitaine des légendes.
La diplomatie impériale déploya toutes les tactiques possibles en passant par l'intimidation, de la cajolerie, de la corruption et les tentatives de déstabilisation interne.
Suite à l'échec de la XXXIIIème flotte lors de leur tentative d'annexion des territoires Toliens il devint évident que le Royaume du Cygne avait fournit moyens et instruction militaire à ces derniers. La perte de presque la moitié de la flotte et des deux Lehouines qui en faisaient partie fit renoncer durablement l'Empire à toute tentation d'utiliser la force dans cette région.
La diplomatie choisit alors d'essayer d'améliorer son image en concentrant ses efforts sur la noblesse cygnienne. On se livra à une grande opération de séduction faite de cadeaux, de terres, d'argents et d'invitations somptueuses.
Cette politique porta à court terme ses fruits; le Royaume prenait tout droit le chemin d'un rattachement à court terme à l'Empire.
Sur le plan intérieur cela se révéla calamiteux : La noblesse s'était peu à peu détachée de son peuple. La coupe fut pleine lorsque le roi Prospero II décida d'abolir la règle des parts pour fixer une fois pour toute la noblesse dans ses privilèges et son rang.
Sur l'impulsion de certains membres de la marine royale ce qui commença comme une mutinerie se poursuivit en révolte se termina en révolution.
La fuite du roi se conclut sur une note tragique avec sa mort lorsque son navire explosa au large de Walrus lors de la bataille du même nom. Suite à la mort du roi la ligue royale s'effondra en moins de deux années faute d'héritier crédible. Les quelques survivants de la ligue royale trouvèrent refuge sur Mandrake, la capitale impériale la plus proche.
Ils y fondèrent un gouvernement temporaire en exil, qui après avoir vainement tenté d'obtenir une aide militaire de l'Empire tomba doucement dans l'oubli.
La République qui succéda au Royaume établit un système de droit de vote proportionnel au nombre de parts et abolit définitivement les charges nobiliaires. Elle signa dans la foulée un accord de collaboration militaire avec l'alliance des douze soleils qui cherchait à l'époque tous les alliés possibles contre l'hégémonie impériale.
Depuis la république est vue dans le secteur comme un contrepoids régional au pouvoir de l'empire.
L'hostilité du départ a évolué au cours du temps en simple méfiance. Sa flotte militaire reste cependant une des plus importantes du secteur et assure la sécurité d'un certain nombre de mondes indépendants avec lesquelles la république commerce.
Ses universités sont aussi très réputées et de par leur politique d'échanges avec l'alliance des douze soleils, à la pointe de la recherche.
Les cygnans aujourd’hui : Physiquement les cygnans sont généralement grands et en bonne santé : d'une part les soins sont libres et gratuits dans toute la république et d'autre part tous leurs ancêtres on fait l'objet d'une politique généralisée de correction génétique sur deux génération.
L'on retrouve tous les types raciaux humains, mais les modifications cosmétiques radicales qui se pratiquent couramment dans l'Empire sont assez mal vues dans la République.
Les cygnans considèrent avec méfiance ce qui vient de l'empire galactique, produit, personnes et parfois même idées ou modes.
L'Empire est pour eux décadent et ses visées expansionnistes visant à l'absorption de ses voisins est pour les cygnans une preuve de sa faiblesse.
Les cygnans sont dans leur grande majorité profondément Xéno-phobe bien que ce sentiment tende aujourd'hui à s'estomper chez la jeune génération.
Une grande partie de leurs ancêtres étaient des croyants de l'église des fils de l'homme. Bien ce culte ne soit plus aussi puissant que par le passé et qu'ils se soient beaucoup ouvert sur le reste de la galaxie il n'en demeure pas moins que le citoyen cygnan de base reste persuadé que l'homme est par nature supérieur à toute autre race de la galaxie. Il en ressort que les seules installations configurables pour des races xéno ne se trouvent qu'autour des spatioports et dans les capitales planétaires. Les installations spatiales sont par contre complètement aux normes impériales.
Ils sont fiers de leur réussite, de leur esprit d'entreprise, de leur débrouillardise et leur adaptabilité. Certains considèrent cette fierté comme de l'arrogance, mais il est certain que la république du Cygne a, avec des moyens limités, réussi des tours de maitre que ce soit en terme militaire ou civil.
On notera que les services de contre espionnage de la République ont une réputation de sorciers de la manipulation auprès de leur pendant impériaux qui ont à plusieurs reprises fait les frais de leur compétence.
Système politique et judicaire : La République pratique une égalité scrupuleuse entre hommes et femmes. L'actuel dirigeant est d'ailleurs une présidente, l'honorable Sana Keer.
Tout citoyen reçoit annuellement des parts qui déterminent le poids de son vote. Les parts sont fonctions de sa qualification, de son rôle au sein de la société et du montant d'impôt qu'il paye. Curieusement le taux d'imposition est un minimum : chaque citoyen peut verser plus que cette imposition minimal, ce que certain font afin d'obtenir plus de parts de vote ou par simple civisme.
Le recours à la démocratie directe en matière de décisions civiles passant par la validation des comptes de l'Etat et la proposition de nouvelles lois est quasiment hebdomadaire et favorisée par l'utilisation d'un système informatique hautement sécurisé.
Traditionnellement les cygnans consacrent une demi-journée par semaine à débattre en famille de la politique avant de voter. Cela explique la fascination des cygnans pour la politique et leur très grand pragmatisme.
Son système de judiciaire indépendant et populaire. Tout citoyen est appelé à siéger régulièrement en cours de justice populaire où les prévenus présentent eux-mêmes leur défense et peuvent être directement questionnés par les membres du jury.
Les cygnans sont particulièrement allergiques à la corruption, plus particulièrement en ce qui concerne les fonctionnaires d'Etat : c'est d'ailleurs un des rares motifs (avec la trahison et la manipulation de votes) où est systématiquement requise la peine de mort.
Vie quotidienne : Les cygnans sont souvent perçus à l'extérieur comme austères. Ils ne suivent pas particulièrement les modes galactiques et privilégient généralement la qualité à l'apparence.
Dans le domaine des arts ils ont développé un goût surprenant pour le domaine des arts vivants archaïques : le théâtre, l'opéra, les spectacles sont à l'honneur et de grandes salles pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes existent dans toutes les villes et parfois dans des villages.
La dernière mode est actuellement aux pièces néo-shakespearienne et les feuilletons tridi importés de l'extérieur ont beaucoup de mal à trouver leur place.
Cette austérité est brisée pendant une semaine par an lors de la fête de la république qui célèbre la mort du roi Prospero II : dans toute la république a lieu une semaine de fête débridée où a lieu tous les excès et qui se termine par l'exécution et l'incinération d'un mannequin représentant le roi.